Cet article revient sur les 12 derniers mois d'Actions MIEUX+. La nouvelle conjecture engendrée par la baisse partielle de la pandémie de COVID-19 a modifié certaines priorités et besoins sur le terrain pour les partenaires MIEUX+.
Au cours de l'année 2022, le retour partiel aux activités pré-COVID-19 a permis à l'équipe MIEUX+ de reprendre les voyages et aux partenaires de relancer les projets qui étaient dans le pipeline depuis un certain temps.
Au fur et à mesure que d'autres Actions ont été lancées, le portefeuille global s'est développé, ce qui a permis d'atteindre un meilleur équilibre géographique entre toutes les régions couvertes par MIEUX+. La nature de ces projets, axés sur la demande, nous permet d'explorer certaines des priorités et des besoins urgents sur le terrain.
A partir de ces Actions, nous pouvons observer quelques tendances qui s'alignent sur les évolutions mondiales de la gouvernance des migrations. Par exemple, l'importance du thème de la gestion des crises consulaires, la recherche de plus grands espaces de collaboration entre la société civile et les gouvernements, l'importance des administrations locales et régionales dans la gouvernance de la migration, régionaux et les liens entre migration, changement climatique et économie verte.
Gestion des crises consulaires : exemples des pays voisins de l'UE et de l'Afrique
Depuis le début de la pandémie, de nombreux gouvernements ont dû actualiser, adapter ou redéfinir leurs politiques nationales de gestion de crise pour y inclure des dispositions relatives aux migrant.e.s et à la migration. Leurs ressortissant.e.s bloqué.e.s à l'étranger ont connu des difficultés et des situations de grande vulnérabilité, ce qui a incité de nombreux gouvernements dans le monde à renforcer leur mandat de protection consulaire par le biais de leur présence .
La nouvelle phase de MIEUX+, lancée en avril 2020, a pu répondre à ce nouvel intérêt, puisqu'elle a été chargée de faire avancer les résultats de l'initiative Migrants in Countries in Crisis (MICIC) en gestion consulaire, coprésidée par les gouvernements des États-Unis et des Philippines.
MICIC a été conçu pour répondre aux conditions spécifiques de vulnérabilité des migrant.e.s et accroître la capacité des États, des organisations internationales, des acteurs du secteur privé et de la société civile à se préparer et à répondre aux besoins des migrant.e.s dans les pays touchés par des conflits ou des catastrophes naturelles, notamment en protégeant leurs droits et leur dignité et en atténuant les souffrances qu'ils et elles peuvent éprouver.
En 2022, nous avons commencé la troisième Action en Géorgie, qui prévoit une mise à jour des politiques publiques et des programmes de formation élaborés dans le cadre de MICIC, en y incluant les urgences sanitaires dans la liste des crises consulaires.
En République Démocratique du Congo également, une nouvelle Action a été lancée au printemps 2022. La Direction des Congolais de l'Etranger, qui relève du ministère des Affaires étrangères, bénéficie d'un soutien pour créer un Plan d'Assistance Consulaire afin de renforcer le mandat et les capacités des agents consulaire pour mieux aider et assister les congolais.e.s de l’étranger.
La relation entre la société civile et les gouvernements en Asie centrale et dans le voisinage de l'UE
Comme la migration est un phénomène complexe et à multiples facettes, les mécanismes de coordination qui y répondent doivent impliquer un large éventail d'acteurs pour être efficaces. De plus en plus souvent, nous observons des demandes conjointes d’assistance technique provenant de gouvernements et de représentant.e.s de la société civile qui souhaitent unir leurs forces pour protéger les migrant.e.s dans le cadre de leur mandat. En 2022, deux projets se sont distingués par leur approche innovante en Asie centrale et dans le voisinage de l'UE.
Au Kazakhstan, de nombreux.ses migrant.e.s originaires du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan arrivent régulièrement avec leur famille pour travailler dans les zones urbaines et rurales, mais la législation actuelle n'oblige pas les parents à enregistrer les enfants de moins de sept ans auprès des autorités migratoires, ce qui entraîne des situations d'abus, d'exploitation et de vulnérabilité. Afin de remédier à cette situation et d'informer les familles migrantes sur leurs droits et sur la loi kazakhe, le Commissaire aux droits de l'homme et l'organisation de la société civile Rodnik ont demandé le soutien de MIEUX+ pour acquérir de nouvelles compétences en matière de campagnes de communication. Les expert.e.s de MIEUX+ et les représentant.e.s des deux partenaires ont rédigé un plan ciblant les familles migrantes avec enfants. Le matériel final devrait être disponible au début de l'année 2023, permettant également une plus grande collaboration entre ces acteurs étatiques et de la société civile.
En parallèle, en Azerbaïdjan, le gouvernement et un réseau d'organisations de la société civile sont de plus en plus préoccupés par les réseaux de traite qui utilisent les réseaux sociaux et les applications mobiles pour attirer leurs potentielles victimes . À la suite d'une demande du ministère de l'Intérieur, un nouveau Action a débuté à l'automne 2022 pour échanger des bonnes pratiques et bénéficier de l'expertise de l'UE en la matière, tout en soulignant le rôle de la coordination interinstitutionnelle et de l'approche de l'ensemble de la société dans la lutte contre la traite des êtres humains.
Le niveau local occupe une place centrale : la planification urbaine en Ouganda et l'intégration au Costa Rica
Au cours des deux dernières décennies, les autorités municipales et régionales ont revendiqué un rôle plus important dans la prise de décision liée à la gestion et à la gouvernance des migrations. Les recherches et les données montrent que les migrations, tant au niveau interne qu'international, sont orientées vers les villes en tant que pôles de développement économique et centres d'opportunités d'emploi, d'où l'importance pour les centres urbains et les municipalités d'intégrer les questions de migration dans la planification du développement durable.
Accueillant plus de 60% des réfugiés et demandeurs d'asile en Ouganda, les conseils municipaux de Nebbi et de Yumbe ainsi que l’ONG Urban Afrikanischer Traum ont soumis une demande conjointe de soutien pour gérer efficacement la migration au niveau local. En établissant davantage de liens entre les municipalités et les organisations de la société civile, les expert.e.s MIEUX+ fourniront une série de recommandations pour intégrer la migration dans la planification urbaine locale.
Pendant ce temps au Costa Rica, s'appuyant sur 10 ans de coopération avec MIEUX+, la cinquième action avec la Direction générale de la migration et de l'immigration (DGME) accompagnera la formulation du nouveau Plan national d'intégration (PNI) du pays pour la période 2023 - 2027. Le projet vise à évaluer le plan actuel, actif entre 2018 et 2022, ainsi qu'à favoriser les espaces de dialogue pour établir une feuille de route pour la prochaine période de quatre ans. Le nouveau PNI mettra davantage l'accent sur la collaboration avec le secteur privé et les municipalités costariciennes en tant que moteurs de développement économique et pôles de migration.
Grands réseaux de partenariat régionaux: Gran Chaco
La région du Gran Chaco est une zone écologique qui s'étend sur les territoires de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil et du Paraguay. Bien qu'elle ne soit pas aussi connue que sa grande voisine, la région se situe juste derrière l'Amazonie en termes de biodiversité et de zones forestières sur le continent américain. Dix partenaires de divers secteurs, dont des autorités locales et nationales, des organisations de la société civile, des organisations régionales et des universités, se sont coordonnés pour soumettre une demande visant à avec une équipe d'expert.e.s européens, régionaux et locaux.
Les recommandations politiques qui émergeront de ce projet mettront en valeur les populations en situation de vulnérabilité telles que les communautés indigènes, les femmes et les enfants, et définiront une stratégie de sensibilisation, notamment auprès des communautés locales. La diversité des partenaires impliqués dans le projet s'avère cruciale pour développer une approche multidisciplinaire pour la conception des recommandations qui alimenteront les futures politiques publiques.
L’économie verte
Bien que le concept d'économie verte ait été créé au début des années 1990, le Green Deal européen adopté en 2019 place l'action climatique et l'économie verte au cœur des priorités européennes, tant dans les politiques de partenariat internes qu'externes.
Dans leur rôle de moteurs du développement, de l'entrepreneuriat et de l'innovation, les migrant.e.s et les diasporas offrent un énorme potentiel à la transformation verte en Europe ainsi que dans les pays partenaires. En avril 2022, MIEUX+ a publié un document de discussion qui analyse les principales tendances et les débats clés dans le contexte du Green Deal dans l'Union européenne et dans l'Agenda 2030 avec ses liens possibles avec la mobilité de la main-d'œuvre/migration légale (y compris les partenariats de talents, les partenariats de compétences et l'écologisation des emplois et des compétences), en soulignant les lacunes actuelles dans ces domaines. Le document de travail a proposé plusieurs domaines de recherche à développer en espérant inciter un large éventail d'acteurs à travailler en collaboration dans ce domaine émergent.
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