Notre action en cours en Azerbaïdjan, qui a débuté en octobre 2021, vise à aborder les défis liés à la lutte contre la traite des êtres humains en réunissant les autorités gouvernementales et les organisations de la société civile pour échanger sur des pratiques et bénéficier de l'expertise de l'UE sur le sujet.
La portée du projet est double : tout d’abord, il vise à renforcer la capacité des autorités nationales à lutter contre la traite des êtres humains grâce aux outils numériques et les réseaux sociaux. Par ailleurs, l’action vise à contribuer à la mobilisation et à la coordination des organisations non gouvernementales et des institutions publiques pertinentes.
Au cours des dernières années, les communications numériques ont confronté le secteur public et la société civile à de nouveaux défis. Les réseaux sociaux, les applications de rencontre et d'autres outils peuvent exposer les groupes vulnérables au risque d 'être victimes de la traite. Le gouvernement azerbaïdjanais a pris conscience de l'importance d'assurer la sécurité des citoyens dans leur présence en ligne.
C'est dans ce contexte que le Ministère de l'intérieur de la République d'Azerbaïdjan et une coalition de 45 ONG, menée par Women Reformers and Innovation Public Union, ont décidé d'intensifier leurs efforts et leur coopération afin de faire levier sur les outils numériques pour faire face à ce problème crucial.
Le contexte : la traite des êtres humains en Azerbaïdjan
Bien que les flux migratoires en provenance d'Azerbaïdjan gravitent principalement autour de l'Europe de l'Est et de l'Asie centrale, les voies de la traite des êtres humains font partie des routes migratoires mondiales plus larges. Le Département d'État américain a constaté que les hommes et les garçons azerbaïdjanais sont victimes d'exploitation par le travail, tandis que les femmes et les enfants azerbaïdjanais sont victimes d’exploitation et de violences sexuelles.
Bien que le pays ait durci les inculpations en imposant des peines plus sévères et en accordant davantage de fonds pour aider les victimes, il est encore nécessaire de renforcer les enquêtes en améliorant les capacités d'investigation et de collecte de preuves pour corroborer les témoignages des victimes.
Les outils numériques changent la donne
En raison de la pandémie de Covid-19 et du rôle accru des technologies de l'information et de la communication dans la traite des êtres humains, les autorités ont renforcé le suivi régulier des personnes vulnérables. De nombreuses victimes de la traite des êtres humains en Azerbaïdjan sont ciblées et recrutées via les réseaux sociaux et les plateformes de rencontre en ligne, où les informations personnelles et les détails de localisation sont souvent disponibles.
Les bénéficiaires du projet apprendront d’experts de l'UE de bonnes pratiques pour identifier les victimes et les trafiquants d’êtres humains grâce à la technologie numérique.
Évaluation des capacités et des besoins à Bakou
Pour lancer l'action, l'équipe MIEUX+ a effectué une mission en Azerbaïdjan à la fin du mois d'octobre. L'objectif était d'évaluer les capacités et les besoins des partenaires par rapport au cadre législatif et institutionnel national de lutte contre la traite des êtres humains. Le Ministère de l'Intérieur, le Bureau du Médiateur, la Délégation de l'UE en Azerbaïdjan et la coalition de 45 ONG ont participé à l’évaluation.
Cette analyse était essentielle pour identifier les tendances actuelles concernant l'utilisation des outils des technologies de l'information et de la communication à des fins d'exploitation sexuelle ou du travail. Les experts ont accordé une attention particulière aux relations de genre et aux approches transformatives.
Comme l'a déclaré M. Samir Haraev, Chef du Département principal de lutte contre la traite des êtres humains au Ministère de l'Intérieur : "Ce projet est une excellente occasion pour notre département et toutes les parties prenantes impliquées d'apprendre de nos partenaires européens et d'échanger des idées sur l'utilisation des technologies modernes pour identifier les victimes et les trafiquants d’êtres humains. Nous nous réjouissons également de renforcer notre engagement avec la coalition de 45 ONG en Azerbaïdjan."
Les experts MIEUX+ de Pologne et d'Azerbaïdjan vont à présent travailler à l'organisation de sessions d'échange de connaissances et d'ateliers avec leurs homologues azerbaïdjanais sur l'utilisation des technologies numériques dans la lutte contre la traite des êtres humains, par exemple pour contrer le recrutement et appuyer les enquêtes via les réseaux sociaux, mais aussi sur la collecte et le stockage de données.
Un volet spécial sera consacré à l'implication des ONG dans l'aide aux victimes de la traite des êtres humains par le biais de prestations de conseils juridiques et médicaux et d'un hébergement dans des centres d'accueil.
Les prochaines étapes comprendront également l’élaboration d’une stratégie visant à renforcer la collaboration entre les autorités gouvernementales et la coalition d'ONG.