MIEUX a reçu des demandes des gouvernements du Ghana, du Timor oriental et de la Thaïlande pour renforcer leurs capacités dans les domaines de l’investigation, de la redirection et des poursuites de cas de traite d’êtres humains (TEH) ainsi que la protection des victimes de la traite, selon une approche fondée sur les droits de l’homme et conformément aux normes internationales.
Cependant, chaque pays présente un profil très différent en termes d’institutions, de cadres juridiques et de tendances en matière de traite, comme nous l’avons décrit hier [hyperlien vers jour 1]. Quelle est l’approche de MIEUX dans la conception d’une solution sur mesure pour répondre aux besoins réels sur le terrain ? Tel est le thème de l’article du jour. Demain, nous nous pencherons sur la façon dont ces actions établissent des liens avec le « tableau plus large » de la traite des êtres humains en tant que sujet d’importance capitale dans les agendas de gouvernance migratoire à l’échelle mondiale.
En tant qu’initiative de mise en place de capacités, MIEUX utilise un éventail de méthodologies de formation traditionnelles, ainsi que des solutions innovantes et sur mesure, ciblées en fonction du thème et du champ d’application de chaque Action. Après réception d’une demande de soutien, chaque Action MIEUX est formulée sur la base de bonnes pratiques dans la coopération au développement international, avec pour accent majeur un échange d’informations entre pairs. Un processus consultatif garantit l’implication des Directions de la Commission européenne qui font partie du Comité de pilotage du projet, de l’institution requérante dans le pays partenaire ainsi que de l’équipe de MIEUX dans la conception de l’Action.
Comme l’a noté Oleg Chirita, coordinateur de programmes d’initiatives mondiales à l’ICMPD,
« MIEUX est un mécanisme servant à soutenir les pays partenaires sur n’importe quel thème lié à la gestion des migrations où ils souhaitent un renforcement des capacités. En termes de lutte contre la traite, nous travaillons sur tous les domaines clés de l’approche des ‘4 P’ : Prévention, Protection, Poursuites et Partenariat. Au cours des dix dernières années, nos pratiques ont été constamment adaptées, optimisées et remaniées afin de servir les objectifs plus larges de nos partenaires. »
La conclusion finale de chaque Action varie en fonction de chaque demande, allant de l’organisation de séances de formation à la production de documents tels que des guides, des manuels et du matériel de formation. MIEUX s’implique aussi toujours plus dans le développement de politiques, notamment dans la région ouest-africaine.
Chaque Action MIEUX regroupe une séquence de six ou sept activités : des ateliers d’échange d’informations, des visites d’étude et l’élaboration de séances de soutien se présentent régulièrement, de même que certaines activités ponctuelles alignées sur les besoins des différents pays, comme des missions exploratoires et des séances de finalisation de documents dans le cas de politiques. Une équipe d’experts issus d’institutions gouvernementales dans des pays européens et non européens, ainsi que des universitaires et des entrepreneurs indépendants sont sélectionnés et déployés afin de mener les activités.
À cette occasion, MIEUX a organisé un atelier d’échange d’informations au Ghana, et deux visites d’étude : une aux Pays-Bas et une en Thaïlande.
Ghana : l’échange d’informations est crucial à l’apprentissage entre pairs
Durant la dernière semaine d’avril, Romain Gustot, chargé de projet et coordinateur régional de MIEUX pour le voisinage de l’UE, était à Accra aux côtés de notre collègue du Programme de lutte contre la traite de l’ICMPD, Madis Vainomaa, et John Linehan, ancien responsable chargé de l’immigration à la UK Border Agency, pour animer un atelier sur « la détection, l’investigation et la redirection des victimes de la TEH ».
Dans la lignée de l’approche MIEUX d’échange de connaissances entre pairs, l’équipe a commencé par présenter de bonnes pratiques et des exemples tirés d’autres pays sur la détection de cas de traite interne et transfrontalière, l’identification et la protection des victimes de la traite ainsi que l’investigation, les poursuites et la condamnation des trafiquants. Les participants ghanéens ont ensuite fourni à notre équipe des contributions sur le cadre législatif et opérationnel existant au Ghana, afin d’alimenter le développement du résultat final de cette Action : un Module de formation sur la lutte contre la traite pour le Service d’immigration du Ghana (GIS), en coordination étroite avec le Service de Police, le Ministère de l'Égalité des sexes et de la Protection sociale, et le Ministère du Travail.
Dans une réflexion sur la coordination à laquelle il a assisté, M. Gustot a déclaré :
« Au cours de cet atelier, j’ai assisté à un partage de connaissances et de bonnes pratiques non seulement entre l’UE et le Ghana, mais aussi parmi les diverses institutions et services ghanéens impliqués dans la TEH. Même si le Module de formation sera d’abord et avant tout destiné à des agents du GIS, de nombreuses idées et suggestions ont émané d’agents de police et de travailleurs sociaux pour resserrer les liens interinstitutionnels sur ce thème transversal. De l’apprentissage entre pairs à l’état pur ! »
Thaïlande : développer les mécanismes actuels de protection
Luigi Fabbri, chargé de projet de cette Action, a accompagné une délégation thaïlandaise lors d’une visite d’étude aux Pays-Bas dans diverses institutions néerlandaises, allant de ministères à des organisations de la société civile jusqu’au judiciaire. L’intérêt de l’autorité requérante, le Ministère du Développement social et de la Sécurité humaine de Thaïlande, était d’acquérir davantage de connaissances sur la prévention des cas de traite et la protection des victimes de la traite, en tenant compte de la protection de l’enfance, d’aspects sexospécifiques et de la gestion du traumatisme. La visite d’étude a par conséquent été planifiée de manière à offrir un aperçu global du mode d'interaction des divers acteurs impliqués dans la protection des victimes aux échelons national, régional et local aux Pays-Bas. La visite a présenté des exemples intéressants en vue de l’inspiration, de l’adaptation et de l’application ultérieures au contexte local en Thaïlande.
Revenant sur l’éventail d’institutions sélectionnées pour la visite d’étude, M. Fabbri a déclaré :
« C’était vraiment palpitant de rencontrer autant d’institutions et d’organisations intéressantes : d’acteurs institutionnels clés tels que le Ministère de la Justice et de la Sécurité et le Ministère des Affaires étrangères, la Police néerlandaise et le Bureau du Rapporteur national, à des organisations dynamiques comme CKM, HVO Querido, CoMensha, NIDOS et Centrum 16 22. Autant de parties prenantes travaillant avec passion pour offrir une réponse efficace au défi que représentent la prévention de la TEH et la protection des victimes de la traite à travers une réelle approche centrée sur les victimes. »
En particulier sur le thème de la protection, les autorités thaïlandaises ont été très avides d’en apprendre davantage de leurs homologues européens sur des mécanismes de redirection pour les victimes de la traite, et sur des mécanismes de protection d’enfants non accompagnés ou séparés victimes de la traite. Afin de répondre à ces besoins, l’activité MIEUX était destinée à inclure une visite de NIDOS, ONG locale membre du Réseau européen des institutions de tutelle, afin de fournir aux autorités thaïlandaises des exemples du mode de fonctionnement du système de tutelle aux Pays-Bas.
Le résultat final de cette Action sera le développement de trois brochures sur les sujets suivants : traite des enfants ; approche de la TEH fondée sur la dimension de genre ; et identification et gestion du traumatisme psychologique parmi les victimes de la traite. Ces brochures sont destinées à aider le personnel actif dans des foyers pour victimes de la traite en Thaïlande dans la réalisation de leurs tâches quotidiennes, l’amélioration d’une aide ciblée par l’application d’une approche fondée sur les droits de l’homme conformément aux normes internationales.
Timor oriental : apprendre les uns des autres en Asie du Sud-Est
Caterina Torchiaro, chargée de projet et coordinatrice régionale de MIEUX pour l’Asie, a accompagné une délégation timoraise en Thaïlande pour en apprendre sur les efforts et pratiques en cours mis en œuvre par leur pays frère d’Asie du Sud-Est dans la lutte contre la traite et la conduite d’investigation sur les crimes liés au trafic d’êtres humains.
L’échange de connaissances et de pratiques est intégré au sein de l’approche MIEUX : les visites d’étude constituent un moyen de mettre en avant les efforts, stratégies et pratiques mis en œuvre par les agents gouvernementaux dans le cadre de leur travail régulier.
Comme le note Mlle Torchiaro :
« Cette visite d’étude a été l’occasion pour le Timor oriental et la Thaïlande de se réunir en tant que pairs en vue de trouver des solutions potentielles à la TEH. Ce type de coopération Sud – Sud resserre les liens existants et en noue de nouveaux entre pays voisins, contribuant aux cadres généraux de coopération régionale. »
Demain, nous relierons ces Actions à des discussions aux niveaux national, régional et international sur la lutte contre la traite dans le dernier volet de ce dossier en trois parties sur la traite des êtres humains.
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Pourquoi cet article ?
Le Ghana, le Timor oriental et la Thaïlande : trois pays aux profils migratoires très différents, mais tous confrontés à des défis lorsqu’il s’agit de combattre la traite des êtres humains (TEH). Durant la dernière semaine d’avril, MIEUX a organisé trois activités concomitantes dans le cadre d’Actions respectives axées sur la lutte contre la traite. Pour marquer l’occasion, nous présentons un article en trois volets mettant en avant ces Actions pour illustrer ce que des activités de mise en place de capacités peuvent atteindre dans la lutte contre la traite.
Consultez la série en trois volets
Traite des êtres humains : comprendre le contexte (1/3)
En savoir plus
Liens connexes
Page Internet du Programme de lutte contre la traite de l’ICMPD
Page Internet de l’Action du Conseil de l’Europe contre la traite des êtres humains