En juillet 2018, le MIEUX a convoqué l' Atelier régional de partage des connaissances pour l'Amérique latine et les Caraïbes à Mexico. L'événement était co-organisé par l'Institut national des migrations et a réuni des représentants d'Argentine, du Costa Rica, de la République dominicaine, du Mexique, du Paraguay et du Pérou et des experts MIEUX d'Argentine et d'Espagne pendant deux jours et demi.
Contexte
En juillet 2018, MIEUX a tenu son Atelier régional de partage des connaissances pour l’Amérique latine et les Caraïbes ; le deuxième de la série inaugurée à Bangkok en mars 2018. L’événement, organisé en collaboration avec l’Institut national pour les migrations (lien en espagnol), a rassemblé pendant deux jours et demi les représentants de l’Argentine, du Costa Rica, de la République dominicaine, du Mexique, du Paraguay et du Pérou ainsi que les experts MIEUX argentins et espagnols. Ces ateliers, imaginés dans le cadre de la série d’événements célébrant 10 ans d’interventions MIEUX, sont pour les bénéficiaires l’occasion d’échanger les expériences et bonnes pratiques mutuelles tirées des actions MIEUX. Si la réunion de Bangkok était centrée sur la migration de travail et la traite des êtres humains (TEH), celle de Mexico était placée sous le signe de la (ré)intégration et de la protection des migrants vulnérables.
MIEUX en Amérique latine et dans les Caraïbes
Dans le domaine des migrations, le contexte actuel en Amérique latine et dans les Caraïbes apparaît comme l’illustration parfaite du mantra « opportunités et défis » maintes fois répétés. D’un côté, le Mexique est l’un des moteurs des négociations sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières alors même que l’Équateur s’apprête à assumer la Présidence 2019 du Forum mondial sur la migration et le développement. Comparée à d’autres, la région bénéficie d’une forte intégration régionale avec des organisations régionales très impliquées dans le renforcement de la gouvernance migratoire. Pour plus d’infos à ce sujet, voir la Fiche d’information régionale MIEUX Amérique latine et Caraïbes (lien en anglais).
Dans le même temps, l’augmentation des flux de réfugiés générés par la crise politique au Nicaragua et la détérioration du contexte économique et social au Venezuela accentuent la pression sur les capacités d’accueil, d’intégration et d’insertion professionnelle de tous les pays de la région, confrontés à une montée de la xénophobie et à l’expansion des réseaux criminels actifs dans le trafic illicite de migrants (TIM) et la traite des êtres humains (TEH).
Face à cette situation, de nombreux gouvernements de la région élaborent des programmes et cherchent à instaurer une coopération afin de garantir la protection internationale et l’asile ; l’intégration et la réintégration des migrants ; la lutte contre la TEH et la création de nouveaux mécanismes et stratégies de lutte contre le TIM. Partant de ces besoins, la majorité des interventions MIEUX menées dans la région depuis 2009 ont été centrées sur la lutte contre la TEH et le TIM. Du point de vue général, la liste des actions MIEUX dans la région s’est allongée de façon spectaculaire jusqu’à représenter, en 2017, 33% du portefeuille total d’activités.
Vu le contexte migratoire actuel, les débats de l’atelier se sont focalisés sur la nécessité de formuler des politiques d’intégration abouties, d’apporter une assistance et une protection ciblées aux groupes vulnérables, en particulier les mineurs migrants non accompagnés, et d’intensifier la coopération transfrontalière et internationale pour lutter contre le TIM et la TEH.
Quelles sont les conclusions ?
Fidèles à l’objectif de faire le bilan des actions en cours et terminées, d’en extraire les bonnes pratiques et de réfléchir à l’impact de MIEUX sur le long terme, les participants sont revenus sur les réalisations des interventions MIEUX. Après 10 ans de mise en œuvre, le modèle d’échange de connaissances entre pairs de MIEUX a produit quelques résultats dignes d’intérêt dans la région. En voici un échantillon :
Le trafic illicite de migrants (TIM) est un enjeu majeur et fait l’objet d’une attention accrue tant au niveau régional que national et sous-national. MIEUX a aidé le Réseau ibéro-américain des procureurs spécialistes de la traite à intégrer un volet TIM lors de leur réunion annuelle de 2017. Cette initiative a conduit à la publication, en novembre 2017, d’une mise à jour du Protocole de coopération interinstitutionnelle du Réseau qui comporte désormais une dimension genre et une approche fondée sur les droits humains.
Au Costa Rica, MIEUX a accompagné la formulation des deux premiers Plans nationaux d’intégration (respectivement 2013-2017 et 2018 – 2022). Les délégués ont expliqué comment le concept d’intégration a évolué au fil des échanges avec les experts espagnols MIEUX pour s’arrêter aujourd’hui sur la notion de responsabilités partagées entre migrants et institutions. La contribution clé de MIEUX a été l’organisation de groupes de travail interinstitutionnels sur des aspects essentiels de l’intégration (xénophobie, éducation, marché du travail, santé et migrants vulnérables) et un « accompagnement » à travers toutes les étapes, de l’adoption jusqu’à la mise en œuvre par les différentes institutions et organes gouvernementaux. Le Plan 2018 - 2022 a donné naissance à diverses initiatives parmi lesquelles une campagne de communication baptisée « Aquí todos somos migrantes » qui met à l’honneur la diversité du Costa Rica.
En République dominicaine, MIEUX a aidé l’École nationale sur les migrations rattachée à l’Institut national pour les migrations à élaborer son programme de cours et un manuel destiné à la formation des journalistes. Par rapport à cette activité menée en 2017, les participants ont relevé comme bonnes pratiques la flexibilité de MIEUX et la capacité d’adaptation du contenu de l’Action au contexte et aux besoins locaux.
Au Mexique, qui a dû faire face à une hausse de 300% des flux de mineurs migrants non accompagnés (MNA) au cours des trois dernières années, l’Institut national pour les migrations a identifié la coopération interinstitutionnelle transversale comme une priorité clé pour le renforcement de l’aide et de la protection à l’égard des migrants vulnérables. MIEUX a soutenu l’organisation d’un atelier régional qui a rassemblé des délégués d’El Salvador, du Guatemala, du Honduras, du Mexique et des États-Unis ainsi que des experts des EM UE, d’ONG et d’agences de l’ONU spécialisés dans la problématique des mineurs non accompagnés pour un échange de bonnes pratiques sur les moyens d’élaborer une réponse régionale concertée en matière d’aide et de protection à cette catégorie de migrants. Selon les délégués présents à Mexico, les résultats à long terme de cette activité sont les contacts et la collaboration durables et permanents entre les entités compétentes en la matière. Actuellement, MIEUX soutient aussi l’Institut national pour les migrations dans la création d’un module de formation en ligne destiné aux agents chargés de la protection de l’enfance.
Et la suite ?
Le quatrième et dernier atelier régional se tiendra début octobre à Cotonou, Bénin, et aura pour thème central l’élaboration de politiques migratoires. Les résultats des différents ateliers régionaux seront les pierres angulaires d’une nouvelle édition du catalogue de bonnes pratiques MIEUX qui sera publié début 2019.
Liens connexes
Partage de bonnes pratiques en Afrique centrale, orientale et australe
10 ans de MIEUX en Afrique centrale, orientale et australe, en Amérique latine et aux Caraïbes (en anglais)
Échange sur les bonnes pratiques MIEUX en Asie : atelier régional à Bangkok (en anglais)