Inégalités tout au long du parcours migratoire : MIEUX aux Journées européennes du développement 2019

panelists during the EDDs
De gauche à droite : M. Oleg Chirita, Chef de programme, Initiatives mondiales, ICMPD ; Mme Laura Sánchez Solano, Conseillère juridique, Direction générale de la migration et de l'immigration, Costa Rica ; M. Andrew Allieu, expert en protection sociale et migration professionnelle, Organisation internationale du Travail (OIT), Bureau régional pour l'Afrique ; tous les intervenants, dont Mme Audrey Jolivel, Coordinatrice du Secrétariat du Processus de Rabat et Point focal du ICMPD pour l'Afrique de l'ouest, M. Lamine Abbad, Chef de projet pour MC2CM

Lors des Journées européennes du développement 2019, qui se sont tenues les 18 et 19 juin sur le thème "Inégalités : construire un monde sans laissés-pour-compte", MIEUX, avec d'autres projets d’ICMPD , a organisé un panel d'experts qui ont parlé des différents défis et inégalités auxquels les migrants sont confrontés à divers moments du parcours migratoire.

Que sont les Journées européennes du développement ?

Les Journées européennes du développement (JED) sont une occasion annuelle pour les dirigeants, les acteurs du développement et les organisations de discuter, de débattre et de partager des idées sur toute une série de sujets qui affectent les individus dans le monde entier. Le thème des JED 2019 visait à synthétiser les préoccupations autour des inégalités selon le principe des Objectifs de Développement Durable de "construire un monde qui ne laisse personne de côté". MIEUX, en collaboration avec d'autres projets de l'ICMPD, a réuni un panel d'experts pour parler des inégalités auxquelles les migrants sont confrontés tout au long de leur parcours migratoire.

L'intégration comme moyen de corriger les inégalités

S'inspirant de l'expérience de MIEUX, du Programme de soutien au Dialogue Afrique-UE sur la migration et la mobilité (MMD) et du Projet Migrations Ville à Ville en Méditerranée (MC2CM), la session a réuni quatre intervenants représentant le monde académique, des gouvernements locaux et nationaux et des organisations internationales, qui collaborent tous activement avec ICMPD. Le panel d'experts s'est concentré sur les liens complexes et évolutifs entre la migration/la mobilité et les inégalités, s’interrogeant sur le rôle des cadres régionaux et des collectivités locales dans la lutte contre les inégalités avec des exemples en Afrique de l'Ouest, Amérique centrale et Europe. MIEUX a invité Laura Sanchez Solano, conseillère juridique à la Direction générale de la migration et de l'immigration au Costa Rica, à partager son expérience sur les inégalités et l'intégration des migrants dans le pays partenaire ainsi que sur l'impact positif des projets MIEUX au Costa Rica, qui ont porté, entre autres, sur le développement de l’actuel Plan national pour l'intégration (2018-2022).

Le Costa Rica a le pourcentage le plus élevé d'immigrants par rapport à l'ensemble de sa population, et est un pays de transit aussi bien que de destination. Compte tenu des volumes migratoires aussi importants dans un pays aussi petit, un plan d'intégration a été jugé nécessaire pour contrer les pratiques et les politiques susceptibles d'accroître les inégalités. Le plan réunit des institutions, des structures et des politiques visant à réduire au minimum ou à éliminer les inégalités dans tous les aspects de la vie des migrants dans un nouveau pays, en facilitant l'établissement de flux migratoires plus efficaces, en créant une aide humanitaire pour les migrants en transit, qui peuvent faire face à des vulnérabilités en matière de sécurité et de documentation, en s'engageant à une migration sûre, régulière et organisée, et en renforçant leurs conditions de vie et leur intégrité dans des domaines comme le marché du travail, la santé, la garde des enfants et l'éducation.

Lutter contre les inégalités : une gouvernance inclusive

Le panel d'experts a conclu par une réflexion sur le type de gouvernance qui serait nécessaire pour réduire les inégalités et atteindre les objectifs liés à la diversité, à l'égalité et à l'inclusion. Le modérateur du panel, Oleg Chirita, Chef de programme, Initiatives mondiales, ICMPD, a cité l'inclusivité et la flexibilité comme deux des composantes essentielles nécessaires à un gouvernement pour aborder, réduire et modérer les inégalités de la manière la plus efficace. Les politiques qui entourent la gouvernance d'un pays doivent être fondées sur les droits de l'homme et axées sur l'autonomisation des migrants, afin que personne ne soit laissé pour compte. En outre, les gouvernements, pour combattre au mieux les inégalités, doivent reconnaître l'importance du développement humain et des capacités individuelles.

La migration peut être comprise comme un reflet visible des inégalités mondiales : elle peut aussi bien créer de nouvelles inégalités, comme exacerber ou réduire celles qui existent déjà. Un sujet aussi multidimensionnel ne peut se réduire à un seul type d'inégalité. Il est donc important d'évaluer d'abord les différentes formes d'inégalité, allant au-delà de la plus citée, liée aux revenus, et de comprendre comment elles s'articulent et se renforcent mutuellement. Dans le contexte de la migration, une forme d'inégalité découle d'autres formes d'inégalité qui sont ancrées dans le marché du travail, les relations familiales, les normes sociales et locales et les pratiques d'emploi. Pour cette raison, les droits de l'homme et les politiques centrées sur les migrants doivent être renforcés. Si des politiques de réduction des inégalités sont mises en place, des opportunités plus efficaces et plus justes peuvent être créées pour tous les membres d'une société.

Conformément à ce qui précède, les politiques de réduction des inégalités devraient explorer et inclure des dispositions visant à contrebalancer les normes et valeurs culturelles ; les exclusions et la discrimination fondées sur le statut juridique, le sexe et le niveau d'instruction ; l'inégalité de traitement dans des domaines tels que l'éducation, les possibilités d'emploi et la santé ; les obstacles à l'accès à la protection sociale ; les vulnérabilités générales qui peuvent survenir comme migrants, surtout si leur statut est irrégulier.

Dans l'ensemble, il est important de se rappeler que la migration est une question qui touche plus que les migrants eux-mêmes. Si les gouvernements, les mécanismes de renforcement des capacités tels que MIEUX et les individus travaillent ensemble pour faciliter un terrain de jeu plus complet, plus efficace et plus équitable pour les migrants et les populations locales, on peut espérer des sociétés plus inclusives et plus diversifiées dans lesquelles les opportunités ne sont pas réservées exclusivement à certains individus mais plutôt disponibles pour l’ensemble des personnes, indépendamment de leur origine.


Liens connexes

Site web des Journées européennes du développement

Project News: ICMPD expert panel at the 2019 European Development Days (en anglais)

Campaign #RightsMigrateToo (en anglais)

Temps forts des Journées européennes du développement